DESIGN ET NATURE À LA VILLA SAVOYE

Jusqu’au 2 mars, la célèbre villa construite par Le Corbusier accueille près d’une vingtaine d’oeuvres signées par les grands noms du design français et international, allant de François Azambourg aux frères Bouroullec, en passant par Mathieu Lehanneur et Patricia Urquiola. Leur point commun ? Toutes convoquent la nature, si chère à cet architecte qui a dessiné la modernité du XXe siècle. Une exposition née de l’heureuse collaboration entre le Centre des monuments nationaux (CMN) et le Centre national des arts plastiques (CNAP).

« Du dehors, votre oeuvre architecturale ajoutera au site. Mais du dedans, elle l’intègre. » C’est ainsi que Le Corbusier évoquait les liens entre ses réalisations et leur environnement. Et pour cause, l’architecte suisse naturalisé français, penseur des cinq points de l’architecture moderne (les pilotis, le plan libre, la façade libre et enfin et surtout la fenêtre en bandeau et le toit-terrasse), avait théorisé un habitat clairement tourné vers l’extérieur. À la villa Savoye, l’extérieur, ou plutôt la nature, semble imprégner chaque mètre carré.

C’est donc tout naturellement que le CMN, avec la complicité du CNAP, a choisi de mettre à l’honneur ce lien entre nature et architecture à travers le design, dans les murs de cette icône du XXe siècle. L’exposition prend la forme d’une véritable « promenade artistique », faisant écho à l’expression utilisée par le père de la Cité radieuse à Marseille, « promenade architecturale », soit une déambulation dans l’édifice où les points de vue se mélangent. Toutes les pièces de design présentées sont inspirées du monde minéral, végétal ou animal.

La première création qui nous accueille, dès le vestibule, n’est autre que Miss Blanche de Shiro Kuramata, fauteuil bien connu des amateurs de design des années 1980. En résine acrylique, dressée sur ses tubes d’aluminium, l’assise renferme de délicates fleurs rouges qui semblent être en mouvement. Non loin d’elle, c’est le luminaire Galet, tout en transparence, qui attire l’oeil, création du studio Ymer & Malta accompagné par Sylvain Rieu-Piquet, en hommage au designer Isamu Noguchi.

Dans le salon, au premier étage, nous faisons connaissance avec la matière. À commencer par le raphia de viscose, utilisé par les frères Campana pour Cabana, une intrigante cabane hirsute qui cache un meuble de rangement. Vient ensuite le service d’Andrea Branzi, où le bouleau part à la rencontre de l’argent massif. Un jeu entre métal et bois que l’on retrouve sur le sublime banc d’Olivier Gagnère en aluminium gravé et tronc de citronnier.

Les pièces les plus singulières sont sans nul doute celles exposées dans la salle de bain. Posée sur la baignoire, Morning Mist, d’Ymer & Malta avec Benjamin Graindorge, vient rappeler les brumes du matin, ici matérialisées par des billes de verre habillées d’un dégradé de bleu. À deux pas d’une assise de Pierre Paulin, Dos à dos (1968), nous découvrons, amusés, un vase réalisé en impression 3D à partir des particules produites par un éternuement humain… une étrangeté réjouissante signée Marcel Wanders. Une union entre technologie et nature qui s’incarne également dans Domestic Forest, un banc de Mathieu Lehanneur qui nous laisse songeurs. S’agit-il d’un tronc naturel ou bien d’une assise née d’une machine ? En chêne lamellé-collé, cette pièce a été conçue à l’aide d’un logiciel de modelage numérique, puis usinée. Une petite farce qui vient remettre en question notre perception de la nature…

« NATURES INTÉRIEURES » VILLA SAVOYE
82, RUE DE VILLIERS, POISSY
JUSQU’AU 2 MARS 2025
VILLA-SAVOYE.FR
MONUMENTS-NATIONAUX.FR

Des experiences et une culture qui nous définissent

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