Jusqu’au 29 décembre 2024, la Fondation d’entreprise Martell, à Cognac, accueille la première exposition rétrospective en Europe du sculpteur américain James Blain Blunk (1926-2002).
Connu du grand public outre-Atlantique, son travail sort de l’ombre de l’autre côté du continent grâce à la contribution de sa fille Mariah Nielson, directrice de JB Blunk Estate, et de la curatrice du musée d’Art moderne de la Ville de Paris, Anne Dressen. Au total, plus de 150 pièces allant du Shield, Bizen Vase (1953) au Penis Stool #1 (1975) – issues de collections privées et du JB Blunk Estate – témoignent des moult techniques artisanales employées par cet artiste avant-gardiste.
La scénographie, imaginée par le designer italien Martino Gamper, est un hommage évident à la maison-atelier de l’artisan, nichée au coeur de la forêt californienne, à Inverness. Répartie en six sections distinctes – Japon, Paysage, Maison, Archétypes, Processus et Art dans l’espace public –, l’exposition « JB Blunk – Continuum » plonge ainsi les visiteurs dans l’intimité artistique du sculpteur.
Sa passion pour l’artisanat japonais commence dans les années 1940. Alors étudiant à l’Université de Californie (Los Angeles), Blunk découvre le travail du céramiste japonais Shoji Hamada. Un bouleversement qui le pousse à s’installer en Asie dix années plus tard pour déceler les secrets de cette pratique. Déployées sur une table aux angles arrondis, les premières oeuvres de Blunk se tiennent non loin des luminaires Akari de Isamu Noguchi, un artiste qui joua un rôle déterminant dans l’ensemble de sa carrière. Vases à ikebana et de Bizen, porte-encens, assiettes en céramique… Chaque création reflète les influences japonaises qui lui ont été transmises par les maîtres potiers Kitaōji Rosanjin et Toyo Kaneshige dans les années 1950.
Il semble impossible de parler du travail de Blunk sans mentionner le chef-d’oeuvre de sa vie : sa maison-atelier. Une demeure qui lui permettait de s’imprégner sans cesse de la nature environnante. Lors de ses balades au bord de l’océan Pacifique, Blunk ramassait des souches de séquoia et autres troncs de bois flottés qu’il transformait en sculptures aussi bien minimalistes que monumentales. Sans oublier la pierre polie, qu’il mélangeait habilement à diverses matières pour créer des pièces énigmatiques faisant écho aux rythmes de la nature.
Projeté sur l’un des murs de la salle d’exposition, le film With These Hands: The Rebirth of The American Craftsman témoigne du processus créatif de Blunk pour le moins surprenant. À l’aide d’une tronçonneuse, le sculpteur américain taillait des morceaux de bois pour les transformer en pièces monumentales dédiées notamment aux espaces publics, comme The Magic Boat (1979), un banc en bois encore présent au Centre d’orientation pour les aveugles de Californie, à Cerrito, ou encore Greens (1978), une table sculpturale destinée à l’un des premiers restaurants végétariens de San Francisco.
« Ma façon de travailler, qui est au coeur de toutes mes sculptures, repose sur un thème, l’âme de l’oeuvre », disait JB Blunk en 1998, précisant : « Parfois, il est évoqué par le matériau, parfois c’est une idée ou un concept dans mon esprit. Il est toujours présent, peu importe le matériau, la taille ou l’échelle de ce que sera l’oeuvre une fois finie. » Blunk était un artiste total. Et l’exposition rétrospective consacrée à son travail en est le témoignage.
« JB BLUNK – CONTINUUM » FONDATION D’ENTREPRISE MARTELL
16, AVENUE PAUL-FIRINO-MARTELL, COGNAC
JUSQU’AU 29 DÉCEMBRE 2024
FONDATIONDENTREPRISEMARTELL.COM