Loro Piana x Dimoremilano 

À la Milan Design Week 2025, Loro Piana fait une entrée en matière feutrée et envoûtante dans l’imaginaire du duo Dimoremilano. Ensemble, ils signent “La Prima Notte di Quiete”, une installation immersive où les matières nobles deviennent récit, et où chaque étoffe devient souvenir.

Un dialogue suspendu entre textile et narration

Il faut descendre quelques marches, comme on descend en soi, pour pénétrer dans l’univers que Loro Piana et Dimoremilano ont composé à l’occasion de cette nouvelle édition du Fuorisalone. C’est dans le quartier de Brera, au cœur d’un bâtiment historique qui fut jadis un couvent, que se révèle “La Prima Notte di Quiete”, une installation au titre emprunté au film d’Alain Delon et Valeria D’Obici, où le silence devient une matière et la lumière, un soupir.

Le duo créatif de Dimoremilano — Emiliano Salci et Britt Moran — y déroule une narration onirique, en sept pièces. Sept moments comme autant d’humeurs, de textures, d’intimités. Un hommage à l’élégance mélancolique des années 1970, réinterprété avec la subtilité et la rigueur esthétique propres à Loro Piana.

Dans cet espace où les murs sont habillés de laines, de soie et de velours, où les rideaux flottent comme des souvenirs, la frontière entre design d’intérieur et mise en scène cinématographique s’efface doucement. On ne regarde pas simplement les objets : on les ressent, presque comme une brume chaude sur la peau.

L’élégance du silence : matières en clair-obscur

Le parcours s’ouvre sur un vestibule assombri, presque religieux. Des tonalités brique, rouille, pourpre s’y côtoient, évoquant la patine du temps. Loro Piana y déploie un éventail de textures profondes, pensées comme des voiles sur la mémoire : cachemire double, velours côtelé, gabardine de laine, toutes retravaillées dans une palette qui va du sépia au prune fané.

Chaque pièce dévoile une atmosphère — tantôt salon, tantôt chambre, tantôt cabinet de lecture. Mais aucune fonction stricte n’est assignée. L’ensemble oscille entre réel et fiction, comme si les objets attendaient encore leurs occupants. Les meubles dessinés par Dimoremilano — bureaux laqués, luminaires à la sensualité rétro, vitrines teintées — semblent sortis d’un rêve. La tapisserie devient rideau de théâtre, et chaque pli raconte une histoire que l’on ne connaîtra jamais tout à fait.

Dans un salon ocre, un canapé bas s’allonge comme un soupir. Des rideaux semi-transparents tamisent une lumière dorée. On pense aux chambres de Visconti, aux intérieurs de Bertolucci. Tout ici convoque l’élégance d’un cinéma intérieur, où le silence habille mieux que mille dialogues.

Un manifeste textile pour l’émotion

Depuis plusieurs années, Loro Piana, maison italienne emblématique du luxe discret, s’aventure hors des sentiers du pur vêtement. À Milan comme à Paris, la marque explore les terrains du design, de l’architecture d’intérieur, du lifestyle. Mais jamais elle ne l’avait fait avec une telle liberté narrative.

“La Prima Notte di Quiete” est plus qu’un décor. C’est une scénographie sentimentale, une invitation à ralentir, à s’abandonner à l’étoffe comme à une mémoire collective. Le choix du lieu — anciennement sacré — n’est pas anodin. L’installation invite à la contemplation, presque à la méditation. Et dans un monde où le design tend parfois vers le spectacle ou l’éphémère, Loro Piana et Dimoremilano réintroduisent une forme de douceur lente, une poésie du détail.

“Il ne s’agit pas d’une reconstitution, mais d’une suggestion”, expliquent les fondateurs de Dimoremilano. Une phrase qui résume parfaitement l’intention du projet : ne rien figer, tout évoquer.

Quand le luxe s’efface pour mieux habiter l’espace

En ne plaçant pas ses produits au centre, mais en les laissant parler par leurs matières et leurs ombres, Loro Piana réinvente ici le rôle du textile dans le design contemporain. Loin du showroom classique, l’installation devient capsule sensorielle, tableau vivant où la lumière, les sons feutrés, et les textures dialoguent dans un ballet discret.

Même la communication autour du projet épouse cette retenue : un compte Instagram ponctué d’images aux tons filtrés, un teaser vidéo lent, presque muet, où l’on devine plus qu’on ne voit. Une stratégie en creux, fidèle à l’ADN de la maison.

Ce que propose “La Prima Notte di Quiete”, c’est une nouvelle façon d’habiter le design : non comme décor fonctionnel, mais comme lieu d’introspection. Un espace où l’on pourrait lire un poème à voix basse, ou simplement s’asseoir sans parler.

Un avant-goût de cinéma

Avant même de pénétrer dans l’univers feutré de La Prima Notte di Quiete, Loro Piana soigne l’entrée en matière avec une touche de fantaisie urbaine. Sur la via dei Giardini, la Maison a transformé un ancien kiosque en une élégante billetterie façon box-office de cinéma. Passants et curieux y sont invités à réserver leur place pour l’installation immersive, non sans repartir avec une boîte de pop-corn soigneusement siglée. Comme dans les salles obscures d’antan, certains auront la surprise de découvrir un ticket doré leur offrant un accès prioritaire à l’expérience. Une manière raffinée et ludique d’annoncer la couleur : ici, le design se vit comme un film — intime, sensoriel, inoubliable.

booking.loropiana.com

fr.loropiana.com/fr

dimoremilano.com

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