ET SI C’ÉTAIT CELA, LA VRAIE BISTRONOMIE ?
Nichée sur une petite place du quartier de Belleville, cette nouvelle adresse emprunte son nom de baptême à l’alias de Romain Gary, Émile Ajar. L’auteur avait fait de ce quartier populaire le théâtre du célèbre roman auréolé du prix Goncourt, La vie devant soi.

Une fois franchie la porte de l’établissement, on découvre des briques apparentes, un bar en céramique aux tons chauds, un carrelage des fifties version mosaïque et une enveloppe mate et bleutée qui occulte les cuisines. L’écrin est minimal, simple et de bon goût. Mais ce n’est pas la quête d’épure ou de littérature qui nous a amenés ici… c’est plutôt ce spritz aux pickles de cornichons, dont l’acidité nous stimule tout doucement à l’apéritif.
Les festivités se poursuivent avec des frites de polenta, réconfortantes, et une mayonnaise à l’oseille. Place à la fraîcheur, avec une huître crue, coiffée de gingembre frais, de gelée de sauternes et de guanciale bienvenu. On en prendrait volontiers une deuxième, mais il faut poursuivre avec ce tout aussi rafraîchissant carpaccio de Saint-Jacques à la betterave, caviar d’algues et tuiles de sarrasin.
Audacieux, le jarret de cerf s’accompagne de tagliatelles de butternut relevées par une hot sauce. Puis vient enfin le temps du dessert, qui est en grande partie responsable de notre venue et qui nous intrigue vraiment : le sundae avec glace à la peau de poulet, caramel, shortbread à la châtaigne, et cette très déroutante chantilly au thym qui convoque le souvenir du plat dominical familial à l’heure du dessert.
Conquis, nous n’hésitons pas une seconde à réclamer une deuxième coupe de glace, cette fois un sorbet à la roquette et son « supplément trou » au gin et limoncello à la bergamote. Car en plus de proposer une cuisine véritablement créative, qui s’amuse et qui nous amuse tout en nous régalant, ajar propose une gamme de prix d’une grande douceur qui séduira tout le monde. Idéal après la décadence dépensière des fêtes.
AJAR
34, RUE SAINTE-MARTHE, PARIS 10E
@AJARPARIS