Au détour des ruelles pavées de Rome, où le murmure des fontaines se mêle aux échos du passé, la Piazza Mignanelli déploie sa majesté intemporelle. C’est ici, au numéro 23, qu’une nouvelle histoire s’écrit. Entre les murs séculaires d’un palais de la Renaissance, la Fondation Valentino Garavani et Giancarlo Giammetti ouvre un écrin dédié à la beauté, à l’art et à la créativité. PM23 – ainsi baptisé en hommage à son adresse – n’est pas qu’un simple espace culturel. C’est un manifeste vivant, une ode à l’émerveillement et à l’héritage. Là où hier défilait la mode, s’élève aujourd’hui un dialogue entre générations, entre passé et futur.

Une vision incarnée dans la pierre
Le bâtiment, qui abritait autrefois les bruissements d’une Rome aristocratique, s’est métamorphosé sans renier son âme. Plus d’un an de restauration minutieuse a été nécessaire pour redonner à ses colonnes leur noblesse d’antan, tout en insufflant la modernité d’une fondation tournée vers demain. Les moulures caressées par le temps voisinent désormais avec des installations lumineuses, tandis que les voûtes ancestrales accueillent œuvres numériques et sculptures contemporaines. « Chaque pierre raconte une histoire, » confie Giancarlo Giammetti. « Nous voulions que cet espace devienne un lieu de passage et de pause, un carrefour où la beauté suspend le temps. »
La beauté comme fil conducteur
Au cœur de ce projet réside une conviction : la beauté peut transformer. Pour Valentino Garavani et Giancarlo Giammetti, ce n’est pas un concept abstrait, mais une force tangible capable d’élever les âmes. « Nous avons consacré notre vie à la beauté, » rappelle Valentino. « Aujourd’hui, il est temps de la partager autrement, de l’offrir à ceux qui la cherchent, peut-être sans le savoir. » PM23 se veut ainsi un laboratoire d’idées, où la mode dialogue avec la peinture, la photographie flirte avec la sculpture, et où la musique enveloppe les sens. L’espace promet une programmation pluridisciplinaire, dévoilée officiellement le 26 mars, avec des expositions temporaires, des résidences artistiques et des ateliers ouverts au public.
Un écrin pour les générations futures
Si la Fondation entend célébrer l’héritage de la maison Valentino, elle ne se limite pas à contempler le passé. « Il ne s’agit pas de nostalgie, » insiste Giammetti. « Nous voulons inspirer, offrir aux jeunes talents un espace d’expression, de rencontre, de dépassement. » À travers des programmes de mentorat et des collaborations avec des écoles d’art, PM23 entend éveiller les vocations, soutenir la création et redonner à la culture sa place essentielle dans le tissu social. Dans les salles baignées de lumière naturelle, les visiteurs sont invités à déambuler, à s’arrêter, à ressentir. Un tableau aux nuances subtiles, une robe aux coutures invisibles, un poème projeté sur les murs : ici, chaque détail est une invitation à la contemplation.
Un dialogue entre Rome et le monde
L’emplacement de la fondation n’est pas anodin. À quelques pas des marches espagnoles, où les mannequins de la maison Valentino défilèrent en 2022 dans une explosion de couleurs, PM23 incarne le lien indéfectible entre la marque et la ville éternelle. Rome, avec ses contrastes et ses splendeurs, devient le théâtre d’une modernité respectueuse de ses racines. « Cette ville m’a tout donné, » avoue Valentino. « Il était naturel de lui offrir quelque chose en retour. » Les œuvres exposées, choisies avec soin, dialoguent avec l’architecture environnante. Un fragment de marbre antique inspire une installation contemporaine ; une arcade gothique encadre une projection vidéo. Le passé n’est pas figé : il respire, il questionne.
Une ouverture sous le signe du partage
Pour son inauguration prévue à la mi-mai, PM23 présentera La Trame du Temps, une exposition immersive explorant la notion de transmission et de métamorphose. Les visiteurs pourront y découvrir des archives inédites de la maison Valentino, confrontées aux créations d’artistes émergents du monde entier. « Nous avons voulu que cette première exposition soit un pont entre les époques, » explique le commissaire de l’exposition. « Entre la main du couturier et celle de l’artiste contemporain, il y a la même quête : celle de toucher l’essentiel. »
La Fondation ne se contente pas d’exposer : elle vit. Conférences, concerts intimistes, projections en plein air viendront animer les soirées romaines. Les jardins intérieurs, aménagés en lieux de pause et de réflexion, invitent à s’attarder, un livre en main, le regard perdu dans le feuillage d’un olivier centenaire. « Créer un lieu où l’on peut simplement être, respirer la beauté sans la consommer, c’était notre rêve, » confie Giammetti.
Une promesse pour l’avenir
PM23 ne se veut pas une parenthèse éphémère dans le paysage culturel. « Nous construisons quelque chose qui doit durer, » martèle Valentino Garavani. Avec le soutien d’artistes, de mécènes et d’une équipe passionnée, la fondation entend s’ancrer durablement comme un pôle de création, un espace d’émotions et de découvertes. Car au-delà des pierres et des œuvres, ce sont les rencontres humaines qui donneront vie à ces murs.
Rome a toujours été une ville de ponts : entre les rives du Tibre, entre les époques, entre les cultures. Avec PM23, un nouveau lien se tisse – subtil, sensible, essentiel. Là où l’art ne se regarde pas seulement, mais se vit. Là où la beauté, loin d’être un luxe, redevient ce qu’elle devrait toujours être : une nécessité.