L’arrivée d’Alessandro Michele chez Valentino était l’un des moments les plus attendus de cette saison de haute couture. Fidèle à son style théâtral et exubérant, il livre une collection où le surréalisme et l’héritage de la maison italienne se rencontrent dans un tourbillon de textures et de références historiques.

Le retour de l’extravagance

Alessandro Michele n’a jamais fait dans la demi-mesure. Pour son grand début chez Valentino, l’ancien maestro de Gucci a offert un spectacle à la hauteur des attentes. Dans l’enceinte majestueuse du Palais Brongniart, il a réinterprété l’ADN de la maison romaine avec une flamboyance qui n’appartient qu’à lui.

Dès les premiers instants, l’ambiance était posée. Une obscurité presque totale, des sons industriels résonnaient dans la salle, et un programme énigmatique glissé sur chaque siège énumérait des concepts abstraits. Michele invite au vertige, à l’excès, à une plongée sensorielle dans l’histoire de Valentino, revisitée avec son regard onirique.

Une cartographie vivante de l’héritage Valentino

Plutôt qu’une simple relecture des archives, Michele crée un dialogue entre passé et présent. La première silhouette, une robe arlequin aux losanges éclatants, annonce la couleur. Ici, la tradition se mêle au fantastique. Les pièces suivantes alternent entre influences XVIIIe siècle et exubérance des années 1970. Corsets brodés, volants aériens, brocarts somptueux et imprimés psychédéliques s’entrelacent.

Les codes emblématiques de Valentino sont bien présents – rouge éclatant, nœuds sculpturaux, plissés aériens – mais transformés en une rêverie baroque. Michele insuffle sa vision maximaliste, créant un vestiaire érudit et théâtral.

Le surréalisme comme fil conducteur

Le surréalisme, thème cher à Michele, imprègne chaque détail. Des mains brodées en trompe-l’œil caressent les étoffes. Les silhouettes se dissolvent dans des voiles transparents. Des visages surgissent au détour de jupons virevoltants. Cette haute couture ne se contente pas d’être somptueuse : elle intrigue et déconstruit pour mieux reconstruire.

Malgré l’opulence de la mise en scène, une légèreté subsiste. Les robes flottent sur le catwalk comme des chimères. Les étoffes bruissent avec une douceur presque irréelle. Un équilibre parfait entre rêve et réalité.

Un hommage à l’artisanat et à la liberté

L’artisanat est au cœur de cette collection. Chaque pièce reflète un savoir-faire exceptionnel : broderies réalisées à la main, textures somptueuses, dentelles incrustées et plumes sculpturales. Michele défie les codes de la haute couture traditionnelle, affirmant que la mode est avant tout une expression de liberté et de passion.

Avec ce premier acte chez Valentino, il prouve qu’il ne se limite pas à l’héritage du passé. Il le réinvente avec une intensité nouvelle. Ce n’est pas une simple réinterprétation, mais une déclaration d’amour à la mode, envisagée comme un grand théâtre du rêve.

Valentino

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