Dans sa série Arachnées, la journaliste et photographe parisienne sonde la représentation des femmes en revisitant le mythe de la légendaire tisseuse de Lydie transformée en araignée par la déesse Athéna.

De l’écrit à l’image, Anna Prudhomme explore dans son processus créatif l’art sous toutes ses formes, mettant en lumière le travail d’artistes femmes qui l’inspirent. Cette ancienne étudiante en sociopolitique, diplômée d’un master de journalisme à Goldsmiths, université de Londres, collabore avec plusieurs magazines et maisons de mode.
Parallèlement, elle développe sa pratique photographique, héritée de son père, reporter de guerre.Cette virtuose façonne son propre regard sur appareil argentique, entre portrait et paysage. Avec sa série Arachnées, elle revisite la mythologie grecque par l’entremise du destin de la jeune Lydienne éponyme, figure intemporelle de rébellion qui a osé défier Athéna dans l’art du tissage et dont il existe différentes versions de l’histoire.
Dans le refus de se plier aux diktats des dieux de l’Olympe, la jeune mortelle Arachné met son talent artisanal et artistique à profit lors d’une compétition. Hélas, l’infortunée subit les foudres de sa rivale aux mille facettes, fille de Zeus et de Métis, qui la métamorphose en créature velue à huit pattes.
Liberté, force et courage
La série d’Anna Prudhomme analyse ici la façon dont les imaginaires, les figures et les constructions de la féminité constituent encore des liens inextricables. Adèle Farine, Paloma Vauthier, Angèle Metzger, Salomé Rose Stein, Anna Gardere, Kauda Pharaon, Lily Taïeb, Mimi Guizani, Yoa et Yolanda sont issues de la scène artistique et cinématographique parisienne émergente.
Avec dix portraits sur fond noir de ces dix femmes créatives, la photographe conçoit un espace de jeu et de subversion des représentations sociales de la féminité. Elle choisit de les exposer sous un voile en tulle, tel un symbole de la toile, entre piège et protection, représentant ainsi cette dualité dont il est cependant possible de s’extraire.
Un rendu à la fois sensuel et mystérieux qu’elle capture sur pellicule 35 mm en noir et blanc et accompagne d’un poème de son cru. « Mes images interrogent toutes ces constructions qui enferment les femmes dans des rôles ambivalents – proie ou prédatrice, muse ou créatrice – et explorent comment ces figures peuvent être déconstruites, déformées et réappropriées », explique-t-elle.
Grâce à sa série, Anna Prudhomme offre un hommage à celles qui, comme Arachné, ne cessent de « tisser leur propre histoire et se risquent à prendre la place qu’elles méritent ».
KAUDA 2023 40 x 60 cm Tirage 1/3 Papier Hahnemühle 310g
YOA 2024 24 x 30 cm Tirage 1/3 Papier Hahnemühle 310g