Ce photographe emblématique d’origine française présente à la Staley-Wise Gallery à New York un fragment de ses soixante ans de carrière entre mode, cinéma et nature.

Denis Piel fait partie de ces photographes qui ont vite attiré l’attention de l’un des grands directeurs artistiques du Vogue américain, Alexander Liberman. À la fin des années 1970, il s’est vu offrir un contrat d’exclusivité par Condé Nast. Un accord réservé à quelques privilégiés, comme Irving Penn et Richard Avedon. L’exposition à la Staley-Wise Gallery à New York offre ainsi un regard panoramique sur le travail de ce grand nom de la photographie de 81 ans qui a marqué la discipline de son empreinte par son style cinématographique, sensuel et humain.


Vision éclectique
Après avoir quitté sa France natale pour l’Australie à la fin de la Seconde Guerre mondiale, Denis Piel commence son parcours dans les années 1960 à Brisbane, où il ouvre son studio photo en indépendant, et à Melbourne. Il part ensuite pour l’Europe, puis pour New York, entamant sa rapide ascension auprès de Vogue, GQ et Vanity Fair.
Dans la représentation de ses modèles qu’il photographie souvent allongés ou perdus dans leurs pensées, il s’inspire du septième art, notamment de François Truffaut et Stanley Kubrick. « Ses images se sont écartées de manière sensationnelle des modèles posés de ses prédécesseurs. Ses photographies toujours sensuelles racontent une histoire qu’il faut deviner, car plusieurs interprétations sont possibles », explique la galerie new-yorkaise.
Ses décors audacieux et sa vision de la femme active et dynamique, belle et indépendante séduisent aussitôt la profession. Beauté et lumière ne quittent jamais l’objectif du photographe, qui joue sur les imperfections pour garder cette humanité dans les visages. Des clichés toujours simples et épurés, naturels et authentiques.

De la mode au naturalisme
C’est après les attentats du 11 septembre 2001 qu’il revient dans son pays d’origine et acquiert le château de Padiès, de style Renaissance, à Lempaut, dans le sud de la France. À cette époque, il voyage beaucoup et continue de développer son style innovant qui prône le naturalisme.


La Staley-Wise Gallery fait découvrir dès lors un tout autre univers en présentant ses séries Padièscapes (des œuvres colorées et abstraites qui célèbrent la nature et les fleurs) et Down to Earth (des paysages humains). Toutes s’inspirent de son jardin et de sa ferme biologique durable, reflétant son intérêt profond pour l’environnement et l’humanité.
Denis Piel n’a ainsi de cesse de redéfinir les contours de l’image de mode et artistique. Il compte à son actif des portraits de célébrités, des films publicitaires pour Donna Karan, un documentaire, Love is Blind, centré sur un couple aveugle, et plusieurs monographies, de Moments (2012) à Rosemary (2025). Aujourd’hui, une majorité de ses œuvres fait partie des collections permanentes du Victoria and Albert Museum et de collections privées à travers le monde.

« Denis Piel – Exposed »
Staley-Wise Gallery
100 Crosby Street, Suite 305, New York (États-Unis)
Jusqu’au 26 avril 2025
Crédits photo © Reprendre les légendes et les crédits dans le PDF