L’exposition « Golden Years » au Foam d’Amsterdam retrace l’influence de Paul Huf dans le monde de la photographie publicitaire, de mode et de portrait.

L’institution culturelle amstellodamoise, dédiée à la photographie, célèbre le centième anniversaire de la naissance de Paul Huf (1924-2002). La rétrospective, intitulée « Golden Years », offre un aperçu du travail de cet artiste autodidacte qui a atteint la renommée dans les années 1950. Plus d’une centaine d’œuvres sont ainsi exposées sur les cimaises du Foam, mettant en lumière son utilisation innovante de la couleur, son esthétique théâtrale, ses compositions ludiques, son goût du contact et son approche de l’atmosphère.
Il a aussi joué un rôle essentiel dans la création de ce musée à Amsterdam en 2001 et dans la professionnalisation de la photographie de commande aux Pays-Bas. Paul Huf a toujours su valoriser son travail et a très vite vendu ses tirages à un prix élevé, établissant lui-même une nouvelle norme pour que ce métier soit correctement rémunéré. « La photographie était la chose la plus importante pour lui », affirme la commissaire Claartje van Dijk.
Modeontwerpster Fong Leng en Mathilde Willink,1974 © Paul Huf / MAI.
Ingénieux et précurseur
Ce natif d’Amsterdam a commencé la photographie dès l’adolescence. Il s’est nourri du passe-temps photographique de son père, célèbre acteur aux Pays-Bas, et du sens du style de sa mère, acheteuse en chef dans un magasin haut de gamme d’Amsterdam. C’est en expérimentant le médium dans sa propre chambre noire qu’il a appris à maîtriser les techniques de développement et d’impression.
Depuis lors, il a collaboré avec de grands magazines, imaginé des campagnes emblématiques et conçu des couvertures d’albums pour des maisons de disques. Il a notamment créé en 1954 des pochettes pour une collection de musique classique de Philips, avec la modèle britannique Ann Pickford. « Elle apparaît sur toutes les couvertures, car il y avait peu de mannequins professionnels aux Pays-Bas à cette époque », précise la conservatrice.
Paul Huf est également connu pour avoir immortalisé la famille royale néerlandaise en 1952. Il est devenu le premier photographe officiel de la cour, ouvrant la voie à des successeurs comme Anton Corbijn et Rineke Dijkstra.
Hoed met struis, op ruimtevaart geïnspireerde mode voor Avenue, 1966 © Paul Huf / MAI.
De la richesse à l’éclectisme
Dans ce corpus d’œuvres, le Foam présente en plus des photographies de la campagne « Craftsmanship is Mastery » sur les métiers de l’artisanat pour la brasserie Grolsch, des séances de mode pour des publications comme Margriet et Avenue, des portraits de légendes de football de l’Ajax (Klaas Nuninga, Sjaak Swart, Piet Keizer, Johan Cruijff) et de stars de la musique (The Supremes).
L’exposition met par ailleurs l’accent sur sa polyvalence artistique derrière la caméra, avec notamment le documentaire réalisé en 1975 sur le peintre néerlandais Carel Willink, grand représentant du réalisme magique.
En avance sur son temps, Paul Huf nous lègue ainsi un patrimoine riche, construit sur l’innovation, l’imagination et la maîtrise de son art, qui ne cesse d’inspirer les nouvelles générations de photographes. En 2007, le Foam a d’ailleurs créé en son honneur le prix Paul Huf, qui est décerné chaque année aux talents émergents à l’échelle mondiale.
1967 © Paul Huf / MAI.
Jongeren bij oostoever van Sloterplas, Sloten Amsterdam © Paul Huf / MAI.
Jusqu’au 2 février 2025