Dans Noir City, le photographe américain nous offre une plongée mystérieuse et pleine de suspense dans l’imagerie des polars américains emblématiques des années 1940 et 1950.

Jason Tannen est un amoureux des paysages urbains et du film noir. Depuis plus d’une trentaine d’années, ses explorations photographiques en noir et blanc sondent l’effervescence des rues de Chicago, de Cincinnati, de New York et de San Francisco, capturant les badauds, les architectures, les vitrines de magasins et les ruelles étroites.
Ce photographe américain de 74 ans est également conservateur et enseignant. Il donne par ailleurs des conférences, comme celle sur Weegee qui examinait le processus de travail de celui qu’il considère comme « l’archétype du photographe de presse à sensation du XXe siècle ».
Dans Noir City, il combine ses réflexions en mêlant ses deux grandes passions pour créer des atmosphères énigmatiques, obscures et dramatiques. Clair-obscur, jeux d’ombre et de lumière, cadrages biaisés, intérieurs enfumés, effets de flou, personnages furtifs dont les visages sont à demi cachés… Tous les ingrédients de l’âge d’or du film criminel américain sont là. « Mon approche de la prise de vue combine la spontanéité de la photographie de rue avec les calculs d’un plateau de tournage », précise-t-il.

Les replis de la mémoire
Celui qui a enseigné l’histoire de la photographie et du cinéma dans plusieurs universités développe en effet un intérêt particulier pour la forme cinématographique. Il favorise ainsi les plans d’ensemble, les gros plans et les coupes pour mieux les séquencer. Ces scènes fragmentées, sorties de leur contexte, racontent à elles seules des histoires sombres et troublantes. Car Noir City ne s’arrête pas à l’image fixe.
Au fil des années, sa série s’est déclinée dans des installations, des performances et un court métrage narratif, The Pressman Negatives. Sur près de dix minutes, ce récit photographique, accompagné d’une bande-son jazzy et d’une voix off, sonde les notions de temps, de mémoire et d’authenticité. L’histoire documente les derniers jours du voleur de bijoux Sidney Pressman et de ses acolytes, après un ultime braquage qui a mal tourné, dans une ville du Midwest dans les années 1970.
Suspense, mystère et archétype sont ainsi les maîtres-mots de Jason Tannen dont le travail tout au long de sa carrière a été présenté dans des expositions et des projections aux États-Unis et à l’étranger.

