Joel Meyerowitz et le rapport au temps

Le NSU Art Museum à Fort Lauderdale en Floride expose de nombreuses photographies de Joel Meyerowitz, récemment acquises, qui abordent la question du temps à différents niveaux de lecture.

Joel Meyerowitz, Florida, 1978, 1978, Vintage RC print, 11 x 14 inches (27.9 x 35.5 cm), NSU Art Museum Fort Lauderdale; Gift of an anonymous donor.

Depuis 1962, Joel Meyerowitz capture la vie en mouvement de manière chronologique et thématique dans son processus photographique. C’est ce que vient remettre en lumière l’exposition du NSU Art Museum à Fort Lauderdale, menée par Bonnie Clearwater, directrice et conservatrice du musée, et Ariella Wolens, conservatrice de Bryant-Taylor. 

En soixante ans de carrière, ce natif du Bronx de 86 ans, installé à Londres, a su saisir « le temps et l’espace en un millième de seconde, tout en les maintenant dans un cadre immuable ». Si on lui doit une myriade de scènes de vie de l’Amérique, il est également le seul photographe à avoir pu accéder à Ground Zero, aussitôt après l’attaque du 11 septembre 2001 contre le World Trade Center. 

En 2024, l’institution floridienne a acquis plus de 1 800 œuvres issues des archives de cette icône de la photographie couleur. Elle invite ainsi le spectateur à voyager à travers les changements progressifs de son langage visuel qui constitue « le présent ».

Joel Meyerowitz, The Hammock, Provincetown, Massachusetts, 1982, 1982, Vintage RC print, 20 x 24 inches (50.8 x 60.9 cm), NSU Art Museum Fort Lauderdale; Gift of an anonymous donor.

Ligne du temps 

L’accrochage « Temporal Aspects » s’appuie sur la réflexion de l’exposition collective « The Photographer’s Eye » de 1964, organisée par John Szarkowski, directeur de la photographie du MoMA à New York. Il s’agit de la première présentation du travail de Joel Meyerowitz, alors âgé de 25 ans, lequel fut intégré dans la section « Time Exposure ». 

Parmi les autres photographes se trouvaient ses mentors Henri Cartier-Bresson, père de « l’instant décisif », et Robert Frank, instigateur du récit photographique, qui lui a donné l’envie de faire ce métier. L’analyse explorait la question du champ temporel. 

« Selon Szarkowski, le temps d’une photographie est toujours le présent », expliquent les curatrices, précisant : « Fait unique dans l’histoire de l’image, celle-ci ne décrit que l’époque à laquelle elle a été prise. La photographie ne fait allusion au passé et au futur que dans la mesure où ils existent dans le présent, le passé à travers ses reliques survivantes, le futur à travers une prophétie visible dans le présent. » 

Joel Meyerowitz, Paris, France, 1967, 1980. NSU Art Museum Fort Lauderdale; gift of an anonymous donor.

Durée d’une photographie

Le spectateur peut ainsi (re)découvrir « les descriptions complètes et viscérales de ses photographies couleur et les subtilités graphiques et humaines de ses tirages en noir et blanc ». Les curatrices proposent en outre d’explorer la durée de vie de l’impression d’une image finale et l’évolution des couleurs au fil du temps. 

Le duo pousse la réflexion en abordant la pratique en studio d’un photographe à travers des tirages comportant les annotations personnelles de Joel Meyerowitz. À cette approche s’ajoute une présentation de plusieurs tirages de la même image, permettant au spectateur de suivre la progression de son travail vers la réalisation définitive. 

Toutes ces œuvres acquises par le musée floridien montrent comment ce grand photographe de rue, de portrait et de paysage ne cesse d’intensifier sa capacité à savoir composer et décomposer le temps de cet éternel « instant décisif ».

Joel Meyerowitz, New York City, 1965. NSU Art Museum Fort Lauderdale; gift of an anonymous donor.

« Joel Meyerowitz: Temporal Aspects »
NSU Art Museum
One East Las Olas Blvd., Fort Lauderdale (États-Unis)
Jusqu’au 17 août 2025

nsuartmuseum.org

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