Le Whitney Museum présente la première exposition dans un musée du photographe américain Mark Armijo McKnight, pour une plongée dans des paysages désolés à la convergence du corps humain, du désir et du mysticisme.

Courtesy the artist. © Mark Armijo McKnight
Mark Armijo McKnight s’est fait connaître pour ses images en noir et blanc de corps nus et de paysages qui s’appuient sur une longue histoire de la photographie dans l’Ouest américain. Ce natif de Los Angeles, installé à New York, a exposé son travail dans plusieurs galeries, mais investit ici pour la première fois une institution muséale. Le Whitney Museum of American Art présente ainsi « Decreation », une série de tirages argentiques grand format, sur laquelle il travaille depuis 2018. Le titre de l’exposition fait référence au concept de philosophie mystique de Simone Weil (1909-1943), dont les théories décrivent un acte d’effacement de soi pour s’ouvrir et se connecter à un pouvoir divin.
Courtesy the artist © Mark Armijo McKnight
RÉFLEXIONS MÉTAPHYSIQUES
Mark Armijo McKnight explore ce processus de pensée dans des images de corps et de paysages, plongés dans des états intermédiaires. Des personnages nus enlacés s’engagent ainsi dans une approche de jeux érotiques, interrogeant l’histoire de l’art, la mythologie antique, la philosophie sociale, l’incarnation ou encore le temps.
L’artiste de 40 ans superpose à ses photographies des métaphores, tout en explorant les différentes tensions entre ses sujets et ses choix techniques, qui amplifient les contrastes et le clair-obscur. Toutes ces mises en scène d’un autre monde ont été prises dans le désert de Californie, où il a grandi, et les badlands du Nouveau-Mexique (autrement appelés Bisti/De-Na-Zin Wilderness), sa patrie maternelle.
« Son terrain dramatique a souvent été utilisé pour symboliser la beauté sublime et un idéal de liberté par rapport à la société, même si son imagerie a été exploitée à des fins violemment oppressives », explique la commissaire et conservatrice de la photographie Drew Sawyer.
Courtesy the artist. © Mark Armijo McKnight
ENTRE POÉSIE ET ABSTRACTION
Les images de Mark Armijo McKnight montrent cette précision formelle associée au modernisme, dans la lignée d’artistes d’avant-garde qui ont fait du paysage un terrain d’abstraction fertile, comme Georgia O’Keeffe. Prises dans leurs contradictions, elles évoquent ainsi « le tumulte et la quiétude, l’obscurité et la lumière, l’isolement et la convivialité ».
Les photographies s’accompagnent d’un film 16 mm mettant en scène le Poème symphonique de György Ligeti (1962), une composition pour cent métronomes. Ces images en mouvement représentent le coeur de son exposition, où le son impose le tempo dans tout l’espace. Deux sculptures en calcaire, à la forme d’anciens cadrans solaires et qui peuvent servir de sièges, s’ajoutent à l’ensemble.
« Les bouleversements écologiques et sociopolitiques sans précédent de notre époque ont profondément impacté ma psyché et par conséquent ma pratique », explique Mark Armijo McKnight dans le communiqué du musée. « J’éprouve un sentiment d’urgence à réaliser et à partager cette oeuvre car elle est, à sa manière, à la fois un reflet et une réponse au monde tumultueux dans lequel nous nous trouvons… et j’espère aussi un lieu où trouver une catharsis ou un réconfort. »
« MARK ARMIJO MCKNIGHT: DECREATION »
99 GANSEVOORT STREET, NEW YORK (ÉTATS-UNIS)
JUSQU’AU 12 JANVIER 2025
WHITNEY.ORG