Avec « La Mémoire vive », la Cité de l’architecture et du patrimoine nous plonge dans la fabrique des projets de cet architecte et urbaniste, lauréat du Grand Prix national de l’architecture, qui fait perdurer l’ancien dans le contemporain.

© Photo : Altor Ortiz / AAPP – Philippe Prost, Adagp, Paris, 2024
Mémoire, création, espace et temps, tels sont les maîtres-mots de Philippe Prost. À la Cité de l’architecture et du patrimoine, l’architecte et urbaniste de 65 ans nous invite à découvrir « sa fabrique du projet » à travers son atelier. Là où les conceptions et les monuments sont en mouvement constant, à savoir restaurés, rénovés, préservés, réhabilités, transformés, recyclés, pour des redécouvertes contemporaines au gré des défis environnementaux. C’est le travail de recherche et d’enseignement depuis plus de trente ans de ce récipiendaire du Grand prix national de l’architecture en 2022. Les fondements de sa pratique résident dans l’étude historique et le lien entre passé, présent et futur. Ses bâtiments sont ainsi un voyage dans le temps, issu d’un long processus évolutif de réflexion et de construction. C’est ce que nous révèle en profondeur l’exposition « La Mémoire vive », centrée sur l’existant patrimonial et ordinaire, où l’héritage côtoie « la persistance de sa forme et le changement de ses usages ».
© Photo : Altor Ortiz / AAPP – Philippe Prost, Adagp, Paris, 2024
PÉRENNITÉ DU CONSTRUIT
L’institution muséale présente ainsi dans ses espaces plusieurs documents et instruments de travail, échantillons de matériaux et prototypes, photographies de chantier et de réalisations. L’accrochage fait place à une vingtaine de ses projets marquants, à toutes les échelles et traversant toutes les époques. Ce passionné d’architecture militaire a notamment signé la citadelle de Belle-Île-en-Mer, érigée par Vauban. Il s’est également occupé du château de Caen (période médiévale), du port Vauban d’Antibes (Trente Glorieuses), de l’hôtel de la Monnaie de Paris (siècle des Lumières) et des écuries du château de Versailles (Grand Siècle). Sans oublier son travail sur la Briqueterie de Vitry-sur-Seine, sur le centre culturel Les 26 couleurs à Saint-Fargeau-Ponthierry et, bien sûr, sur l’Anneau de la Mémoire à Notre-Dame-de-Lorette, qui rassemble 600 000 noms de personnes tombées au champ d’honneur.
© Photo : Altor Ortiz / AAPP – Philippe Prost, Adagp, Paris, 2024
TRANSFORMER LE RÉEL
Entre le vivant et l’inerte, le naturel et l’artifice, l’architecture et le paysage, la logique constructive et celle topographique, Philippe Prost parvient à redonner vie à des bâtiments oubliés, parcourant l’histoire de la mémoire collective, qu’elle soit des lieux, des personnes, des régions. Dans sa « réflexion archéologique », ce maître à (re)penser ne cesse de vouloir répondre aux enjeux écologiques et durables actuels. Il optimise l’économie de moyens et des ressources naturelles, favorise le réemploi des matériaux, fait appel aux savoir-faire des artisans en s’adaptant aux besoins sociaux et économiques des territoires. La scénographie fait ainsi dialoguer son travail avec la collection permanente de l’institution muséale. Plus encore, elle souligne et caractérise ce lien profond qui établit ses projets, pensés comme « des compositions anthropiques dont il faut révéler le dynamisme ».
« LA MÉMOIRE VIVE »
CITÉ DE L’ARCHITECTURE ET DU PATRIMOINE
1, PLACE DU TROCADÉRO ET DU 11 NOVEMBRE, PARIS 16E
JUSQU’AU 23 MARS 2025
CITEDELARCHITECTURE.FR