La perception est-elle une réalité subjective ? Pour Mikael Christian Strøbek, artiste visuel basé à Berlin, la réponse réside dans une exploration artistique qui déconstruit notre rapport à l’espace et à la matière. Avec des installations géométriques fascinantes et une esthétique minimaliste, il nous invite à repenser ce que nous voyons et ressentons.

Une approche épurée et conceptuelle
Originaire de Copenhague et installé à Berlin depuis 2010, Mikael Christian Strøbek a su marier son expertise en architecture et design avec une pratique artistique profondément enracinée dans l’abstraction. Utilisant des matériaux industriels tels que le verre, l’acier et la pierre, il élève des éléments banals au rang d’œuvres d’art intemporelles. « J’essaie de souligner la préciosité de tout en réimaginant ces matériaux du quotidien », confie l’artiste.
Son travail, bien que minimaliste en apparence, repose sur une rigueur méthodique. La sérialité et la répétition occupent une place centrale dans son processus créatif. Chaque œuvre explore les formes géométriques fondamentales — cercle, carré, triangle — et leur potentiel à transcender les différences culturelles et personnelles.


La réalité, un jeu de perception
Dans le monde de Strøbek, la réalité n’est qu’une illusion façonnée par notre point de vue. Il revisite avec subtilité l’art du trompe-l’œil, jouant avec les perspectives pour défier nos sens. Une de ses œuvres marquantes, Four Circles (v), incarne parfaitement cette quête. De loin, quatre cercles noirs semblent empilés dans un coin de la pièce. Mais à mesure que le spectateur s’approche, l’illusion s’efface pour révéler une composition plus complexe, fragmentée en demi-cercles peints sur des murs angulaires.
Cette tension entre ce qui est perçu et ce qui est réel constitue l’essence de son art. L’utilisation du noir, omniprésente dans ses œuvres, amplifie cette dualité. Le noir devient à la fois une couleur et une absence, créant une énergie palpable et une expérience quasi méditative.
L’espace, ce matériau immatériel
Pour Mikael Christian Strøbek, l’immatériel est tout aussi tangible que l’acier ou le verre. Son art repose sur l’utilisation de l’espace comme un matériau à part entière. Avec des installations comme Glass Threshold (2021), il explore la notion de liminalité — cet état intermédiaire entre deux réalités. La transparence du verre, sa fragilité apparente, devient un miroir de notre propre présence dans l’espace.
Cette quête d’une esthétique à la fois accessible et universelle reflète sa vision humaniste. « Les formes géométriques sont neutres, elles ne renvoient qu’à elles-mêmes », affirme-t-il. En transcendante, elles deviennent un langage universel capable de relier les spectateurs, indépendamment de leurs origines ou croyances.
Une technologie au service de l’intuition
Bien que profondément ancré dans le travail manuel, Strøbek utilise les outils numériques pour affiner ses idées. Ses croquis, réalisés sur iPad, permettent une exploration plus précise des volumes et des proportions. Cette symbiose entre l’artisanat traditionnel et la technologie moderne renforce la limpidité de ses œuvres, tout en mettant en avant des thématiques intemporelles.
L’artiste s’efforce également de laisser une grande liberté d’interprétation à son public. « Ce qui fait d’une création une œuvre d’art, c’est le spectateur qui le décide », souligne-t-il. Une philosophie qui reflète son désir de dépasser les frontières entre l’artiste et son public.
Vers une introspection collective
Mikael Christian Strøbek redéfinit l’art comme un espace de réflexion et de dialogue. En jouant avec les notions de perception et de réalité, il nous pousse à questionner nos certitudes et à envisager de nouvelles façons d’appréhender le monde. À travers ses œuvres, il offre une expérience où l’abstraction devient émotionnelle et où la neutralité des formes géométriques devient un miroir de nos propres sensibilités.
En somme, Strøbek est un conteur visuel. Son langage, bien que dépouillé, résonne profondément avec ceux qui prennent le temps d’observer. Et c’est dans cet espace entre la forme et l’interprétation que réside toute la magie de son art.