ANDOR SAISON 2 : UNE LUMIÈRE FAIBLE MAIS TENACE AU MILIEU DES DÉBRIS

Il y a encore deux ou trois ans, on haussait les épaules quand on évoquait Star Wars à la télévision. Trop d’effets, pas assez d’âme. Des séries qui ressemblaient à des chaînes de montage, où chaque épisode semblait conçu pour cocher des cases marketing. On avait presque renoncé à l’idée qu’une œuvre forte puisse naître de ce mastodonte figé. Et puis Andor est arrivée. Sans prévenir. Sans chercher à séduire. Et voilà qu’en 2025, sa saison 2 est peut-être la série la plus adulte, la plus grave, la plus courageuse que Star Wars ait jamais offerte.

Oubliez les Jedi. Oubliez les sabres laser, les bestiaires numériques et les grands discours cosmiques. Andor s’adresse à nos failles humaines, à nos dilemmes moraux, à cette petite voix en nous qui demande : « Qu’est-ce que je suis prêt à sacrifier pour rester libre ? » Ce n’est plus un space opera, c’est un théâtre d’ombres. Chaque silence pèse. Chaque regard trahit la peur, ou le doute. Cassian n’est plus un héros : il est un homme fatigué, désabusé, qui apprend à croire.

Là où toutes les autres séries Star Wars ont échoué à captiver autrement qu’en recyclant les mêmes recettes, Andor trace un chemin à part. Et ce contraste est d’autant plus cruel que 2025 est aussi l’année des ratés en série pour Disney. Prenez The Acolyte, par exemple. Tout y est : des concepts intrigants, un casting audacieux, un message féministe affiché. Et pourtant, ça sonne creux. Comme une leçon de morale emballée dans du CGI. Il y a de la prétention, mais pas de chair. Pas d’aspérité. Pas cette tension politique qui irrigue chaque plan d’Andor.

Même punition pour Skeleton Crew, Obi-Wan Kenobi, ou les resucées animées d’un univers qui tourne en boucle. On ne sait plus si ces séries sont destinées à des enfants trop âgés ou à des adultes qu’on prend pour des enfants. Les personnages parlent comme dans les jeux vidéo, les enjeux se résolvent en une ligne de dialogue, les épisodes passent sans laisser de traces. Et Disney s’enfonce. À force de vouloir plaire à tout le monde, la firme a vidé ses récits de toute profondeur. L’univers Star Wars n’est plus un monde, c’est un centre commercial.

Andor, elle, ne vend rien. Elle narre. Elle montre les engrenages rouillés d’un Empire qui n’a même plus besoin d’armes pour broyer. Elle raconte les bureaucrates, les agents doubles, les militants désabusés. Et surtout, elle prend son temps. Elle ose l’ennui, la lenteur, le gris. Elle fait confiance au spectateur pour penser. Pour ressentir. C’est peut-être ça, le plus audacieux aujourd’hui : oser faire confiance à l’intelligence du public.

Il y a quelque chose de profondément européen dans cette saison 2. Un souffle sec, une lumière blafarde, des visages marqués. L’ombre de Camus ou de Costa-Gavras plane sur certaines scènes. Et même si l’action se déroule à des années-lumière, tout nous ramène à ici et maintenant. Aux démocraties fragiles. Aux dérives technocratiques. Aux résistances invisibles.

Ce n’est pas une série parfaite. Ce n’est pas un chef-d’œuvre flamboyant. C’est une œuvre âpre, qui gratte, qui dérange. Mais c’est justement ce qui la rend nécessaire. Dans un monde de contenu jetable, Andor rappelle qu’une série peut encore être une parole. Une voix. Un cri discret, mais tenace.

Et s’il ne devait rester qu’une chose de cette galaxie lointaine, ce serait peut-être ce murmure-là : résister, malgré tout.

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