La 50ᵉ cérémonie des César a consacré Emilia Pérez, la comédie musicale engagée de Jacques Audiard, avec sept trophées. Mais au-delà de cette consécration attendue, la soirée a été marquée par des victoires inattendues, un vibrant hommage à Julia Roberts et une diversité rafraîchissante dans le palmarès.

Une cérémonie entre faste et frissons, portée par l’émotion et l’inattendu
Dans l’écrin feutré de l’Olympia, baigné d’une lumière dorée et ponctué par le frémissement des étoffes haute couture, la 50ᵉ cérémonie des César s’annonçait comme une ode au cinéma français dans toute sa splendeur. Sous la présidence de Catherine Deneuve, figure intemporelle du septième art, l’événement a tenu ses promesses entre consécration, émotion et rebondissements. Si l’ombre d’Emilia Pérez planait sur cette édition, son triomphe a été tempéré par d’autres victoires marquantes et des moments d’intensité inattendus.
Dès l’ouverture, l’atmosphère était chargée de solennité et d’enthousiasme. Les pronostics allaient bon train, et pourtant, le déroulé du palmarès n’a pas toujours suivi la partition prévue. Il y a eu des ovations, des silences suspendus et des instants de pure magie, prouvant une fois encore que les César savent conjuguer prestige et frisson du direct.
Le triomphe incontesté d’Emilia Pérez
Jacques Audiard n’est pas un inconnu aux César, mais cette année, il a frappé fort. Emilia Pérez, comédie musicale aussi baroque que politique, a raflé sept trophées, dont les plus convoités : Meilleur film, Meilleure réalisation et Meilleure adaptation. En mariant la flamboyance du musical à une réflexion engagée sur l’identité et la rédemption, Audiard a conquis à la fois la critique et le public.
Cette fresque sur une narcotrafiquante mexicaine en quête de transformation a également brillé dans les catégories techniques, récompensée pour sa photographie, sa bande-son et ses effets visuels. Une victoire éclatante, qui rappelle combien le cinéma d’auteur français sait aussi embrasser le grand spectacle.
Mais au-delà de ce sacre attendu, la soirée a laissé place à d’autres triomphes, parfois plus surprenants, qui ont redonné aux César une touche d’imprévisibilité.
Des victoires inattendues et des étoiles montantes
Dans les catégories d’interprétation, c’est Hafsia Herzi qui a créé la surprise en décrochant le César de la Meilleure actrice pour Borgo. Son rôle de gardienne de prison, tiraillée entre son devoir et son humanité, a bouleversé l’assemblée et prouvé, une fois de plus, la finesse de son jeu. Face à des concurrentes de renom, cette victoire était loin d’être acquise, mais elle confirme l’ascension d’une actrice qui s’affirme comme l’une des voix les plus singulières du cinéma français.
Chez les hommes, Karim Leklou a décroché la statuette du Meilleur acteur pour Le Roman de Jim. Habitué aux rôles de second plan, il trouve ici un premier rôle à sa mesure, incarnant avec une intensité rare un père tentant de préserver le lien avec son fils dans un contexte judiciaire tendu.
La soirée a également été marquée par l’émergence de nouvelles figures. Maïwène Barthelemy, révélation féminine pour Vingt Dieux, incarne cette jeune génération qui insuffle un vent de fraîcheur sur le paysage cinématographique français. De son côté, Abou Sangaré, Meilleure révélation masculine pour L’Histoire de Souleymane, a ému l’audience avec un discours humble et sincère, à l’image de sa performance poignante.
Les grands oubliés et les hommages mémorables
Mais une cérémonie des César ne serait pas complète sans son lot de déçus. Malgré 14 nominations, Le Comte de Monte-Cristo n’a récolté que des prix techniques, laissant un goût amer aux partisans du grand spectacle classique. L’Amour ouf, fort de ses 13 nominations, s’est contenté d’une seule statuette, un sort cruel pour un film qui avait su séduire critiques et spectateurs.
Un des moments les plus émouvants de la soirée fut l’hommage rendu à Julia Roberts. L’actrice américaine, honorée pour l’ensemble de sa carrière, est apparue radieuse, saluant avec gratitude un cinéma français qu’elle a toujours admiré. Son discours, ponctué d’anecdotes et d’une pointe d’humour, a conquis la salle, rappelant que le septième art transcende les frontières.
Un autre hommage est allé à Costa-Gavras, réalisateur de génie, dont l’engagement politique et la mise en scène incisive continuent d’inspirer les générations actuelles.
Une édition à la hauteur des attentes
Cette 50ᵉ édition des César a été à l’image du cinéma français : éclectique, audacieuse et parfois imprévisible. Entre le triomphe d’Emilia Pérez, la consécration d’acteurs en pleine ascension et les hommages appuyés aux figures emblématiques du cinéma, la cérémonie a su captiver, émouvoir et célébrer une industrie en perpétuelle évolution.
Dans l’effervescence des discours, entre rires et larmes, une chose est sûre : cette nuit-là, le cinéma français a prouvé qu’il était plus vivant que jamais.