Dans le tumulte de la Fashion Week masculine, Prada s’impose une fois de plus comme un maître incontesté de la narration spatiale. Pour son défilé Automne-Hiver 2025, la maison milanaise a déployé une scénographie dépouillée. Elle joue sur les codes de l’architecture industrielle et de la décoration minimaliste. Plus qu’un simple présentoir à vêtements, le décor est devenu un personnage à part entière. Il témoigne de la fascination de Prada pour les espaces épurés et fonctionnels.

Une immersion dans la matière brute

Dès les premiers pas sur le runway, les spectateurs furent plongés dans une atmosphère où le béton brut répondait à l’acier poli. Un dialogue subtil entre textures et lumières rappelait les intérieurs brutalistes des années 60. Il les rehaussait d’une modernité tranchante. Les murs en panneaux modulaires créaient des perspectives linéaires. Chaque passage était encadré avec la précision d’une esquisse architecturale.

L’ensemble traduisait une certaine austérité. C’était un contrepoint délibéré à la douceur organique des collections précédentes. Ici, le minimalisme est brut, sans artifice, mais terriblement immersif.

Un hommage à l’architecture modulable

Miuccia Prada et Raf Simons ont une fois de plus prouvé leur habileté à mêler mode et design architectural. Inspiré de l’espace modulable des lofts industriels, le défilé jouait avec des structures ajustables. Elles se redéfinissaient au fil de la présentation. Des cloisons mouvantes, rappelant le concept japonais du shoji, ouvraient et fermaient les perspectives. Cela jouait sur les notions de transparence et d’intimité.

Cette flexibilité de l’espace n’est pas anodine. Elle reflète l’esprit contemporain où les lieux de vie se doivent d’être polyvalents et adaptables, tout en conservant une identité forte. Prada capture cette essence et la traduit en un langage visuel saisissant.

Le dialogue entre mode et décoration d’intérieur

Les clins d’œil à l’univers de la décoration d’intérieur étaient omniprésents. Les mannequins, habillés de silhouettes déstructurées aux nuances terreuses, semblaient se fondre dans le décor. Ils apparaissaient comme des éléments intégrés à un environnement sculptural. Les teintes sable, charbon et ocre faisaient écho aux palettes des architectes modernistes. Les jeux de superpositions rappelaient la stratification des matériaux en architecture.

On note également une forte influence du courant Bauhaus. Chaque élément – de la coupe du vêtement au choix des tissus – semblait répondre à une fonctionnalité délibérée. Il créait une parfaite harmonie entre forme et usage.

Une vision futuriste et introspective

Si l’architecture a souvent servi de muse à Prada, cette collection Automne-Hiver 2025 porte un regard introspectif sur l’espace. Dans un monde en perpétuelle mutation, où le design s’adapte aux nouvelles exigences de fluidité, la maison milanaise offre une vision presque utopique d’un environnement réinventé.

Les spectateurs n’ont pas seulement assisté à un défilé de mode. Ils ont vécu une véritable performance architecturale. Chaque détail, de l’éclairage tamisé aux sons réverbérants, contribuait à une expérience sensorielle globale.

Prada : un espace de réflexion

En défiant les conventions du défilé traditionnel, Prada réaffirme son statut d’incubateur de tendances. Elle excelle tant dans la mode que dans la décoration et l’architecture. Cette collection interroge notre rapport aux espaces de vie. Elle propose une esthétique où l’essentiel prime sur le superflu.

Une leçon de style et d’intelligence architecturale qui prouve, une fois encore, que Prada ne suit pas les tendances, mais les définit.

PRADA

Des experiences et une culture qui nous définissent