À Art Basel Hong Kong 2025, Louis Vuitton offre une plongée sensorielle dans l’univers coloré et conceptuel de Takashi Murakami. Une exposition immersive qui célèbre deux décennies de collaboration entre l’artiste japonais et la Maison, brouillant avec virtuosité les frontières entre art, luxe et culture pop.

Un écrin acide pour une œuvre détonante
Dès les premiers pas dans l’installation, le visiteur est happé. Un vert acide tapisse les parois d’une malle géante, écho surdimensionné aux coffres de voyage Louis Vuitton. Ce n’est pas une simple mise en scène : c’est une invitation au vertige, à la fois visuel et émotionnel. À l’intérieur, les œuvres de Takashi Murakami éclatent dans un feu d’artifice de formes, de couleurs et de références culturelles, tissant un pont entre l’art savant et l’imagerie populaire.
Sculptures, impressions textiles, vidéos expérimentales : tout le répertoire de l’artiste japonais est convoqué. Zoucho-kun, Tamon-kun et l’écran mystérieux de Jellyfish Eyes (2003) côtoient les figures iconiques de Kaikai et Kiki ou encore Mr. DOB, étrange cousin mutant de Mickey Mouse. Le visiteur déambule dans une narration visuelle sans hiérarchie, à l’image du concept Superflat développé par Murakami en 2000.


Une collaboration au long cours entre art et luxe
Cette exposition n’est pas une première rencontre, mais plutôt des retrouvailles. Depuis 2003, Louis Vuitton et Takashi Murakami cultivent une relation artistique fertile, ponctuée de pièces devenues cultes – la fameuse malle Monogram Multicolore Marilyn, ou encore la série Monogramouflage de 2008. Pour cette édition 2025, la Maison dévoile une nouvelle collection inédite, réaffirmant l’actualité de ce dialogue créatif entre la culture japonaise contemporaine et l’élégance française.
Ce partenariat, récemment renouvelé, s’inscrit dans la lignée du mécénat engagé de Louis Vuitton. Depuis les commandes passées par Gaston-Louis Vuitton aux artistes modernes, jusqu’à la Fondation Louis Vuitton imaginée par Frank Gehry, l’art contemporain est une composante organique de l’identité de la Maison. À Hong Kong, c’est un nouveau chapitre de cette histoire qui s’écrit – avec la même audace, le même goût pour l’hybridation et l’excès.

Une esthétique du trouble et de la jubilation
L’œuvre de Murakami est profondément ambivalente. Derrière l’explosion de motifs floraux et les visages enfantins, une inquiétude affleure, presque palpable. C’est l’art d’un Japon traversé par le trauma des catastrophes, fasciné par la mutation, hanté par les yokais – ces esprits errants qu’on devine dans chaque coin d’image. Et pourtant, jamais l’artiste ne renonce à la joie. Il colore l’angoisse, il rit de l’effroi, il transforme les icônes de la consommation en symboles métaphysiques.
Cette tension féconde, Louis Vuitton la célèbre avec intelligence. L’exposition devient alors un théâtre onirique où l’enfance affronte la dystopie, où l’artisanat du luxe croise la science-fiction. Une salle de projection secrète distille des visions animées quasi psychédéliques, comme autant de fragments d’un rêve éveillé. On y perd ses repères avec bonheur.


Quand la mode devient art, et l’art un voyage
Il y a, dans cette proposition artistique, quelque chose de résolument contemporain. Une manière de dépasser les cloisons habituelles entre disciplines, de refuser les classements figés entre art conceptuel et art décoratif. Murakami incarne ce basculement avec brio, et Louis Vuitton l’accompagne avec la justesse d’un grand couturier des temps modernes.
À Art Basel Hong Kong, du 28 au 30 mars 2025, ce n’est pas une simple exposition que le public découvre : c’est une expérience sensorielle complète, une invitation au déplacement intérieur. La malle Vuitton devient capsule temporelle, objet transitionnel, passerelle vers un ailleurs. Et dans les reflets de ses parois métalliques, c’est notre propre regard que Murakami renvoie, comme un miroir déformant mais intensément humain.
Pour plus d’informations sur Art Basel Hong Kong 2025 regardez www.artbasel.com et magazine-acumen.com


