Évoluant entre macrocosme et microcosme, il cultive l’abstraction pour faire naître des paysages mentaux empreint d’émotion.
Pour voir une œuvre de Silvère Jarrosson, il suffit de se rendre dans le foyer panoramique de l’Opéra Bastille, où trône une œuvre monumentale (6 x 5 m) dans laquelle cet ancien danseur de l’Opéra de Paris a figé le mouvement. Depuis plus de dix ans, il est son propre chorégraphe, orchestrant les couleurs et scénographiant ses gestes, lents ou fulgurants, pour imprimer leur énergie dans la matière et convoquer l’imaginaire. Au 7e étage de l’institution parisienne, Opéra pour Bastille dialogue également avec le ciel mouvant qui lui fait face, comme un clin d’œil aux sources d’inspiration de l’artiste.
Les deltas formés par les coulures de l’acrylique soumise à la mécanique des fluides, les irisations semblables à du métal liquide, les effets de glaciers en images satellite, la combinaison infinie des motifs et des dégradés évoquant des ailes de papillon, la stratigraphie d’une peinture poncée à l’extrême, ou les effets de matière des reprises à l’huile, ont tous quelque chose de tellurique. Titulaire d’un master en biologie et géologie, l’artiste se fait l’interprète des phénomènes naturels à travers son expressionnisme abstrait, servi par une palette froide de teintes aquatiques assorties d’un noir de gouffre et d’une blancheur de glace, et par une déclinaison de couleurs terre.
Retranscrivant les émotions ressenties au sein des étendues minérales, de nouveaux tableaux donneront bientôt la réplique à une exposition sur les déserts, présentée à l’automne dans la Grande Galerie de l’Évolution du Muséum national d’Histoire naturelle, à Paris. Le peintre explore aussi bien l’infiniment grand, comme avec sa ronde de toiles illustrant la genèse du vivant sur plus de 24 m de circonférence, titrée LUCA et suspendue dans la chapelle Saint-Louis de la Salpêtrière, à Paris, en 2021, que l’infiniment petit vu à travers le prisme d’un microscope.
S’il a d’emblée été attiré par les grands formats – jusqu’aux décors de scène de l’Opéra national du Rhin en 2021 –, il s’intéresse également depuis deux ans à la minutie des œuvres sur papier, créant des lithographies et des monotypes. Le travail de Silvère Jarrosson, dont les œuvres ont rencontré celles d’Olivier Debré dans une exposition parisienne de la Galerie Faidherbe, en 2021, s’inscrit dans la filiation de l’abstraction lyrique, pour laquelle le geste créateur traduit une émotion sans dévoiler sa source.
silverejarrosson.com
@silvere.jarrosson
« Silvère Jarrosson – Jeux d’encre. Lithographies originales, monotypes, épreuves d’état, peintures »
Atelier Clot, Bramsen & Co.
19, rue Vieille-du-Temple, Paris 4e
Du 23 avril au 18 mai 2024
atelierclot.fr/lithographies-de-silvere-jarrosson
Silvère Jarrosson, Genèses et gestes de Jean-Louis Poitevin, avec la participation de Yoyo Maeght
Les éditions marcel, 2020 – 35 €
editionsmarcel.fr/silverejarrosson
L’Œuvre qui va suivre – Silvère Jarrosson
catalogue de l’exposition au Musée Unterlinden Éditions Lienart, 2023 – 18 €
musee-unterlinden.com/produit/catalogue-loeuvre-qui-va-suivre
