En 2021, le public international s’est passionné pour Drive my Car, neuvième film du cinéaste japonais Ryusuke Hamaguchi, Prix de la mise en scène au Festival de Cannes, et Oscar du meilleur film en langue étrangère. Trois ans plus tard, le réalisateur est de retour avec un film aussi énigmatique que poétique, Le mal n’existe pas.
D’emblée, Ryusuke Hamaguchi nous emmène découvrir un paysage étonnant et rare dans le cinéma japonais : un petit village de montagne enneigé, une forêt quadrillée de grands arbres et traversée de petits ruisseaux. On se croirait presque dans le nord-ouest des États-Unis. Une petite fille s’amuse dans les bois, tandis que des adultes ramènent de leurs 4×4 des jerricans qu’ils remplissent d’eau pure. Hamaguchi filme avec une tendre poésie ces paysages simples qui se révèlent majestueux pour qui prend le temps de les observer. Mais le cinéaste amorce aussi dans cette première séquence la dimension politique de son film : il sera question d’eau et d’écologie.
En effet, l’arrivée de promoteurs défendant un projet de « glamping » (contraction de Glamour Camping, du camping de luxe) agite les opinions des habitants du village. Certains craignent que l’emplacement choisi pour la fosse septique ne vienne polluer toute l’eau du village. Mais là où le film aurait pu devenir une banale guerre de tranchées entre insoumis villageois et capitalistes sans états d’âme, Hamaguchi prend une direction autre, offrant à ses personnages bien plus de complexité. Surtout, si Le mal n’existe pas est indéniablement un film politique et une œuvre écologiste engagée, c’est avant tout un film qui nous apprend avec poésie à voir le monde avant de tenter de le comprendre, en adoptant le rythme calme et étrange de la nature, plutôt que de se complaire dans les tourments des hommes.
Le mal n’existe pas de Ryusuke Hamaguchi
Sortie en salles le 10 avril 2024
