Entre film de vacances et conte initiatique, Sans cœur est un très beau premier film brésilien, dont la mise en scène lumineuse accompagne un récit tendre et onirique.
On l’appelle « sans cœur » en raison de la cicatrice qu’elle a à la poitrine. Les gamins du coin disent qu’on lui a enlevé le cœur. Tamara n’y croit pas vraiment, mais elle ressent une attirance étrange pour cette jeune fille à peine plus âgée qu’elle, qui vit modestement avec son père dans ce Nordeste brésilien où elle ne passe que des vacances avant de partir à Brasilia pour ses études. Premier long-métrage en commun pour le couple de cinéastes brésiliens Nara Normande et Tião, Sans cœur est la variation d’un film court qu’ils avaient réalisé en 2014, salué à l’époque par le prix du meilleur court-métrage de la Quinzaine des réalisateurs.
Tourné sous les palmiers et sur les plages ensoleillées du Nordeste, près de l’État d’Alagoas, d’où Nara Normande est originaire, Sans cœur se déroule au milieu des années 1990. Ce portrait croisé d’un groupe d’enfants et d’adolescents, le temps d’un été, est aussi un récit tendre sur la fin de l’adolescence, composé à partir des souvenirs de la coréalisatrice. Produit et parrainé par le grand cinéaste brésilien Kleber Mendonça Filho, qui raconte s’être inspiré d’un court-métrage de Tião pour son film Bacurau, Sans cœur est surtout un film d’ambiance et de mise en scène. Les couleurs chaudes de l’Est brésilien et quelques images fortes – comme cette immense baleine échouée – marquent les esprits.
Mais Sans cœur est aussi un film de mélomane, comme en témoignent plusieurs séquences musicales, dont une particulièrement émouvante, douce et simple, dans une scène entre Tamara et sa mère, au son d’un vieux vinyle de Maria Bethânia. Une chanson de pluie et de beau temps, car Sans cœur est comme la météo de l’été : riche en promesses les jours ensoleillés, et en drames les soirs d’orage.
Sans cœur de Nara Normande et Tião
Sortie en salles le 10 avril
