L’œuvre créative, sensuelle et pittoresque de la photographe belge montre que l’authenticité du corps féminin, avec ses imperfections, surpasse les diktats de la mode et de la beauté imposés par l’image.
Qu’est-ce que l’idéal féminin ? Grande question devant l’Éternel qui taraude le monde de la mode et de la beauté depuis des siècles. Annelie Vandendael fait fi de toutes les conventions avec inventivité, intelligence et facétie. Exit les manipulations, les retouches et autres aberrations photoshopées ! Cette ancienne diplômée en photographie de l’Académie royale des beaux-arts de Gand, en Belgique, se fait un point d’honneur à laisser vivre et parler la beauté féminine naturelle.
C’est toute la force de son travail, ramenant les images à leur « essence », à cette « pureté exceptionnelle ». « Il y a quelques années, j’ai commencé à reconsidérer la manière dont la beauté féminine pouvait être représentée en redéfinissant les concepts de ce qui est perçu comme beau », explique-t-elle. Son portfolio illumine ainsi la vraie nature de ses modèles dans des clichés vibrants, où le décor joue un rôle clé, où l’humour détend les zygomatiques, où le temps s’évapore.
Récits visuels poétiques
Son style accroche dès le premier regard. Plus encore, il nous émeut. Tout respire la beauté, la liberté, la gaieté, la sérénité. Sois belle fait partie de ses séries phares au long cours, s’étendant sur une dizaine d’années. Un titre évocateur et porteur d’énergie vitale, qui sonde la représentation des femmes d’une manière authentique.
Armée de son appareil argentique Hasselblad, cette native de Belgique, qui a grandi dans le sud de la France, façonne des images parfaites dans leur vérité. La mise au point est nette, capturant ces belles jeunes femmes placées dans des paysages naturels et minimalistes, souvent sur fond de ciel bleu.
Flamants roses, poissons rouges, zèbres, girafes, cornets de glace, sangles de suspension et autres cannes à pêche s’invitent joyeusement dans le champ, cachant parfois le visage des protagonistes. Car la personnalité des modèles se révèle davantage à travers les poses, les vêtements et les objets, en lien avec les vibrations et les tonalités du panorama, comme le souligne la photographe : « J’essaie de représenter l’être humain comme un élément naturel plutôt que comme un objet séparé. »
Moment présent
Sensibilité et humour ne font dès lors plus qu’un dans ce monde d’émotions où les humains et les animaux se mélangent, où l’esthétique surréaliste transcende la diversité et le genre. Ce que la photographe veut saisir avant tout, c’est l’instant précis, plutôt que le modèle idéal, préservant ainsi les défauts dans un jeu de textures et de couleurs, de décadrage et de symétrie. C’est là qu’elle touche au cœur et perfectionne son art.
Annelie Vandendael dit puiser son inspiration chez Magritte, mais aussi chez Wes Anderson, Wim Wenders et Pedro Almodóvar. Un univers unique et ludique qui a tôt fait de séduire les magazines (Harper’s Bazaar, Schön!, DS, Elle, Milk) et les marques (Paul Smith, Mellow Yellow, Vieux Jeu, Hampton Bays, Herschel), tout en investissant les galeries d’exposition.
« Être soi-même, être belle », tel est le credo scandé et glorifié par Annelie Vandendael, qui vient ainsi magnifiquement battre en brèche les normes irréalistes de perfection fixées par la photographie de mode.
