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Hayley Eichenbaum déconstruit la perception androcentrique

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L’artiste photographe américaine offre un autre regard sur son travail où elle interroge et capture en vues aériennes la silhouette et la psyché féminine dans les méandres de l’American way of life.

Hayley Eichenbaum s’est fait connaître grâce à son projet au long cours The Mother Road, qu’elle a démarré en 2014 en hommage à la Route 66, reliant Chicago à Santa Monica. À travers ces images, cette native de Milwaukee, installée entre San Francisco et Los Angeles, documente les façades en sillonnant les vestiges du Sud-Ouest américain. Une inspiration née du cinéma du XXe siècle et de l’esthétique des plateaux de tournage classiques, et plus encore du travail de Stanley Kubrick et des films de science-fiction des années 1960. 

Le style de Hayley Eichenbaum, passée par le San Francisco Art Institute et le Milwaukee Institute of Art & Design, façonne ainsi des atmosphères dans des paysages aux tons pastel, dépourvues de personnages, mais chargées d’émotions, de couleurs et de mystère. Un regard nourri par les lignes épurées et la géométrie de l’architecture moderniste et minimaliste.

Avec la série SETTLE DOWN (s‘installer, se poser, se ranger), en collaboration avec le photographe Zachary Swearingen (1991-2020), décédé dans un accident, elle nous convie à une autre histoire. Après avoir pris de la distance, elle prend cette fois de la hauteur, se concentrant sur l’environnement intérieur et le modèle. La mort tragique de son partenaire créatif, également spécialiste des années 1950-1960, a brutalement interrompu ce projet dont le titre est volontairement mis en majuscules, comme une injonction. Seules sept images existent.

La Femme vue d’en haut

Hayley Eichenbaum propose ainsi une étude visuelle de la répétition et du motif. « Ces prises de vue aériennes représentent un personnage féminin qui, doucement, est submergé par le fait quon lui dise de se poser », explique-t-elle. « Les indices visuels soulèvent la question de la détérioration du bien-être mental, tout en remettant en question la rationalité des attentes féminines actuelles. Le terme [settle down] signifie se marier et avoir des enfants. Cela se traduit également par « Calm down » [se calmer]. » 

Dans ses recherches, Hayley Eichenbaum dissèque également les films des années 1960 centrés sur l’éducation sexuelle et le statut social. Surtout, elle se met en scène et brise la perception androcentrique. Dès ses premiers travaux performatifs et cinétiques, l’artiste interdisciplinaire de 35 ans analysait « les attentes sociales occidentales à l’égard des femmes : comment elles sont censées se maintenir et se préserver ». 

C’est ce que montrent ces images, axées sur la silhouette et la psyché féminine. Affairée dans les activités du quotidien, la Femme – avec un grand F – apparaît dès lors comme un symbole à la fois puissant et impuissant. « Mon intérêt persiste dans ces limbes », précise-t-elle, ajoutant : « J’explore ce potentiel de prise de contrôle et de perte de contrôle simultanément. » 

Au cœur des espaces domestiques, vus d’en haut, le duo déconstruit ainsi les poncifs et les objets commerciaux de l’American way of life, bâtis par la vision masculine. Hayley Eichenbaum ajoute à ce processus la notion de subjectivité, car on ne voit pas son visage, permettant au regardeur de pouvoir s’identifier. Pour elle, cette série sonde le sentiment « d’agitation ». Et plus précisément d’« une agitation dans le corps », « un épuisement des attentes féminines. Et finalement, un spasme, petit, mais rebelle, une rupture avec tout cela ».

hayley-eichenbaum.com

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