Le photographe sillonne les rues de sa Finlande natale dans un jeu d’ombre et de lumière, de néons et de brouillard, empreint d’onirisme, de mystère et de vague à l’âme.
« La photographie de rue est une forme d’art unique et captivante qui saisit l’essence de la vie quotidienne dans les espaces publics. Elle fige des moments dans le temps, révélant la beauté (et la vérité) de la vraie vie urbaine », confie Tommi Viitala. Depuis cinq ans, ce virtuose quadragénaire sublime Helsinki, sa ville d’origine, expérimentant la photographie de rue. Un intérêt qui succède à une carrière dans le domaine créatif où il a peaufiné son style de prise de vues entre portraits et vidéos.
Au fil de ses pérégrinations photographiques, ce conteur de cœur a étendu le champ de ses perspectives dans d’autres villes et pays, comme Budapest en Hongrie. Les émotions inhérentes à sa terre natale restent cependant sa source d’inspiration première et nourricière. « La mélancolie finlandaise est un concept profondément ancré dans la culture du pays », explique-t-il, précisant : « Cela vient de l’histoire de la Finlande, qui est façonnée par ses vastes paysages, ses longs hivers et une identité nationale enracinée dans la résilience. »
Ce sentiment puissant, il le puise également dans le cinéma d’Aki Kaurismäki, son autre source d’inspiration : « Le meilleur exemple de cette mélancolie si caractéristique réside sans doute dans ses films, remplis d’une tristesse indescriptible. J’essaie de mettre en valeur ce paysage mental, en mélangeant des visuels sobres avec des gestes discrets pour évoquer cet aspect unique de la culture finlandaise. »
Au hasard des rues
À travers ses séries Beyond Abstract, Obscure Future et Shadows, Tommi Viitala nous plonge ainsi dans un autre monde entre solitude et errance, ombre et lumière, juxtaposition et géométrie, symétrie et asymétrie. Ses compositions jouent avec les variations de couleurs et les contrastes nets où les atmosphères se confrontent.
À l’instar de certains de ses collègues qu’il affectionne particulièrement, comme Hannes Heikura et Pentti Sammallahti, le photographe cherche à s’emparer de ces moments « calmes et introspectifs » au milieu de l’agitation urbaine. « La rue est comme une douceur pour moi. Je mets de la bonne musique dans mes oreilles et je me promène. J’aime aussi cela pour rencontrer de nouvelles personnes et boire un verre. Je dis souvent « d’abord le café, puis les photos ». Je veux photographier la rue sans stress, car c’est agréable et amusant. »
Il observe et sonde ainsi la ville en quête d’« exceptions », de « petits défauts » et de ces instants de grâce « magnifiques » qu’il capte souvent dans les ombres de journées très ensoleillées. Ses déambulations ont vite séduit les magazines, tout en faisant l’objet de plusieurs expositions. Tommi Viitala donne par ailleurs des conférences sur son approche singulière sous le titre « Random encounters from the streets », qui résume le mieux sa passion. Car comme il le formule : « Vous ne savez jamais ce que la rue va vous donner devant l’objectif. »
